14/08/2021

D'AUTRES LANGUES, D'AUTRES UNIVERS

L'étude des langues étrangères est habituellement perçue comme un atout ou une nécessité. Utile pour voyager et communiquer avec ceux qui, appartenant à une culture différente de la nôtre, n'ont pas fait l'effort d'apprendre notre langue. 

Ainsi présentée, elle offre peu d'attrait pour ceux qui considèrent la facilité d'évoluer dans leur propre langue, leur propre culture. Si peu d'attrait que la plupart de nos concitoyens se demandent si l'effort d'apprendre une autre langue et donc d'apprendre à penser autrement se justifie.  

Il est difficile d'expliquer la richesse d'un tel acquis. On peut facilement décrire les implications pratiques: possibilité d'échanger sans faire appel au dictionnaire, au traducteur, à l'interprète, lire dans leur langue originale des auteurs que l'on aime. On ne peut pas expliquer ce que c'est que de comprendre le monde d'un autre peuple, de percevoir autrement qu'à travers notre culture, une conception différente de la vie,. Sa propre situation dans le monde, le besoin du beau (ou l'indifférence à celui-ci), la perception de l'infini... 

La traduction ne donne qu'une pâle image de ces mondes. Un exemple - caricatural - permet d'en saisir la portée: la Chine et les Chinois. Leur culture est impénétrable parce que nous n'en possédons pas les clés. À une échelle moindre (l'impénétrabilité n'est pas totale, elle est un simple voile), il en est de même dans la communication avec les pays voisins. La connaissance d’une langue étrangère est l’accès à une autre culture. De l’intérieur et non pas telle que la décrivent les poètes ou autres traducteurs.

Dans tous les cas, l’accession à une langue étrangère est un enrichissement dans tous les sens du terme. Ce qui est important n’est pas l’apprentissage de nouveaux mots pas plus que d’une nouvelle grammaire et d’une nouvelle syntaxe (exercice déjà intéressant) ce qui est surprenant c’est l’enrichissement du vocabulaire avec une nécessaire ouverture à la polysémie de mots que l’on croyait connaître. C’est l’élargissement de l’horizon à des sens que l’on ne suspectait pas et cela sans effort. 

Comment peut-il en aller ainsi par le simple passage d’une langue à une autre : une forme simple de le présenter serait de dire que la réalité recouverte par un concept n’est pas toujours identique à celle de la langue parlée par le pays voisin. Y compris dans le cas où les deux cultures ont la même origine (ex. les langues romanes). Les trajectoires différentes des peuples qui les ont adoptées justifient les nuances. 

Ces nuances, sont-elles valables également pour des concepts abstraits, telles les « valeurs » d’une certaine culture Toute culture a ses crédos, ses valeurs. Certaines croient à l’universalité des leurs. Ils n’ont sans doute pas tort mais, de quelles valeurs s’agit-il ? La découverte d’une autre culture grâce à la connaissance de la langue, permet de tempérer l’universalité des valeurs dites « universelles ». Si le concept existe, il est rare qu’il ait le même sens. 

Les droits de l’homme, dont le droit à la vie, sont clamés ici et là. La démocratie, le travail, l’honnêteté, prenez n’importe quel concept et plongez dans une autre culture. Vous serez surpris de constater les nuances que présente la notion de démocratie ou celle de totalitarisme. 

Est-ce que le fascisme a un sens ? Oui. Universel ? Non, sans quoi il ne surgirait ici et là… Idem pour la plupart des « valeurs » qui fondent ou que conduisent un peuple. 

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