14/08/2021

ASSIMILATION PAR LA CULTURE

L’idée leur avait paru séduisante. Tous gagnants. Les détails sont secondaires… Et l’on apprend ainsi que des centaines de milliers d’enfants appartenant à des communautés autochtones ont été enrôlés de force (comprendre kidnappés et emmenés à des centaines de kilomètres de leurs familles) pour être éduqués dans la foi chrétienne. Ceci se déroulait dans un des pays les plus « civilisés » de l’occident. 

L’objectif était ainsi de « diluer » une culture, d’enlever la possibilité à ses membres de la perpétuer et ainsi l’éradiquer. 

On peut observer qu’en réalité c’était une attitude « charitable ». D’un point de vue matériel ces enfants étaient promis à une vie de meilleure qualité que celle de leurs parents. Ils seraient des bons citoyens, ils œuvreraient pour le bien de ce pays dont leurs ancêtres avaient été dépouillés. Personne n’aurait de mauvaise conscience, c’était pour leur bien. 

C’étaient cependant un vol d’enfants. Et un vol opéré sur les enfants même : vol de leur culture, de leur affection, les deux seuls éléments représentant une valeur dans la vie… 

Un troisième vol fut opéré dans un nombre considérable de cas : on leur vola leurs vies. Une part importante d’entre eux tombaient malades (ce qui n’était pas du à des maladies telle la tuberculose qui sévit généreusement et en emporta son lot) d’autres mouraient des suites d’une alimentation carencée (ces institutions réclamaient à l’État de fonds leur permettant de nourrir convenablement les élèves, sans que apparemment il fut donné suite aux demandes) et on ne compte pas tous ceux dont les vies furent gâchées par les sévices qu’ils subirent…

On découvre horrifiés les restes de plus de 200 d’entre eux enterrés de façon anonyme dans les prémisses d’une de ces institutions, dans une riche province de ce beau pays. ET il y a à peine quelques décennies il y avait plus de 300 institutions semblables…  


D'AUTRES LANGUES, D'AUTRES UNIVERS

L'étude des langues étrangères est habituellement perçue comme un atout ou une nécessité. Utile pour voyager et communiquer avec ceux qui, appartenant à une culture différente de la nôtre, n'ont pas fait l'effort d'apprendre notre langue. 

Ainsi présentée, elle offre peu d'attrait pour ceux qui considèrent la facilité d'évoluer dans leur propre langue, leur propre culture. Si peu d'attrait que la plupart de nos concitoyens se demandent si l'effort d'apprendre une autre langue et donc d'apprendre à penser autrement se justifie.  

Il est difficile d'expliquer la richesse d'un tel acquis. On peut facilement décrire les implications pratiques: possibilité d'échanger sans faire appel au dictionnaire, au traducteur, à l'interprète, lire dans leur langue originale des auteurs que l'on aime. On ne peut pas expliquer ce que c'est que de comprendre le monde d'un autre peuple, de percevoir autrement qu'à travers notre culture, une conception différente de la vie,. Sa propre situation dans le monde, le besoin du beau (ou l'indifférence à celui-ci), la perception de l'infini... 

La traduction ne donne qu'une pâle image de ces mondes. Un exemple - caricatural - permet d'en saisir la portée: la Chine et les Chinois. Leur culture est impénétrable parce que nous n'en possédons pas les clés. À une échelle moindre (l'impénétrabilité n'est pas totale, elle est un simple voile), il en est de même dans la communication avec les pays voisins. La connaissance d’une langue étrangère est l’accès à une autre culture. De l’intérieur et non pas telle que la décrivent les poètes ou autres traducteurs.

Dans tous les cas, l’accession à une langue étrangère est un enrichissement dans tous les sens du terme. Ce qui est important n’est pas l’apprentissage de nouveaux mots pas plus que d’une nouvelle grammaire et d’une nouvelle syntaxe (exercice déjà intéressant) ce qui est surprenant c’est l’enrichissement du vocabulaire avec une nécessaire ouverture à la polysémie de mots que l’on croyait connaître. C’est l’élargissement de l’horizon à des sens que l’on ne suspectait pas et cela sans effort. 

Comment peut-il en aller ainsi par le simple passage d’une langue à une autre : une forme simple de le présenter serait de dire que la réalité recouverte par un concept n’est pas toujours identique à celle de la langue parlée par le pays voisin. Y compris dans le cas où les deux cultures ont la même origine (ex. les langues romanes). Les trajectoires différentes des peuples qui les ont adoptées justifient les nuances. 

Ces nuances, sont-elles valables également pour des concepts abstraits, telles les « valeurs » d’une certaine culture Toute culture a ses crédos, ses valeurs. Certaines croient à l’universalité des leurs. Ils n’ont sans doute pas tort mais, de quelles valeurs s’agit-il ? La découverte d’une autre culture grâce à la connaissance de la langue, permet de tempérer l’universalité des valeurs dites « universelles ». Si le concept existe, il est rare qu’il ait le même sens. 

Les droits de l’homme, dont le droit à la vie, sont clamés ici et là. La démocratie, le travail, l’honnêteté, prenez n’importe quel concept et plongez dans une autre culture. Vous serez surpris de constater les nuances que présente la notion de démocratie ou celle de totalitarisme. 

Est-ce que le fascisme a un sens ? Oui. Universel ? Non, sans quoi il ne surgirait ici et là… Idem pour la plupart des « valeurs » qui fondent ou que conduisent un peuple. 

FIN DE REPRÉSENTATION

Quand le rideau tombe, le sourire se fige, la figure s’allonge et un sentiment d’ennui s’abat sur ceux qui, un instant plus tôt paraissaient si gais, si pleins d’humour et de vie. Le vrai rythme revient avec ses regrets (n’en ai-je pas trop fait ? peut-être j’aurais dû laisser parler les autres… J’aurais dû me montrer plus intéressé par ce que j’entendais…), ses arrangements (ce qu’ils avaient à dire je le connais, ils me l’ont raconté 50 fois !), ses espoirs (demain ce sera différent, ce sera plus convivial, on partagera davantage. 

Et il en va ainsi de ce que l’on appelle une vie sociale. Un prétendu partage d’un moment agréable. Si seulement on pouvait s’en passer ! Cette crainte d’avoir besoin des autres nous fait les supporter et même les chercher…  


Dans la sphère familiale comme sociale aussi bien qu’en politique (intérieure ou internationale), rien n’est plus facile que d’engager un co...